Rentrée littéraire post Covid-19 : quelles conséquences pour les primo-romanciers ?

Rentrée littéraire post Covid-19 : quelles conséquences pour les primo-romanciers ?
02/09/2020
Actualités du livre

La crise sanitaire avait dressé un tableau noir pour la rentrée littéraire d’automne 2020. Touché de plein fouet par le confinement, le secteur de l’édition n’a pourtant pas dit son dernier mot, les lecteurs ayant repris le chemin des librairies. Mais qu’en est-il pour les primo-romanciers, lors de cette rentrée littéraire particulière ? Ont-ils pu trouver leur place ? Les réponses avec Librinova. 

Les primo-romanciers sacrifiés lors la rentrée littéraire 2020 ?

À l’aube du déconfinement, en mai dernier, bon nombre d’éditeurs avaient affirmé que la rentrée littéraire d’automne verrait un nombre réduit de nouvelles parutions. L’objectif annoncé était clair : éviter une surproduction et laisser la priorité aux romans qui devaient sortir au printemps. 

Finalement, cette rentrée littéraire 2020 affiche 511 romans, contre 524 l’année dernière, soit seulement 13 livres de moins qu’en 2019. Des chiffres pleins d’espoir, surtout si l’on considère que les Français ont repris la direction des librairies dès la sortie du confinement. Et pour causeles ventes de livres ont connu une augmentation de 19,6% par rapport à 2019 entre le 11 mai et le 19 juillet.1 

Pourquoi un tel afflux ? Effet de rattrapage, certainement, mais pas seulement. Certains professionnels du secteur estiment que le contexte de crise sanitaire a permis le développement d’une appétence pour la lecture – retrouvée pour certains, nouvelle pour d’autres – lors du confinement. 

Néanmoins, les premiers romans semblent être aux abonnés (presque) absents de cette rentrée littéraire : seulement 65 primo-romanciers ont eu la chance de voir leur texte paraître cette année, alors qu’ils étaient 82 l’an dernier. Gallimard fait partie des éditeurs qui ont pris le parti de ne publier aucun premier roman. Tous ont été décalés, peut-être par sécurité stratégique (il est plus sûr de publier des livres à fort potentiel d’auteurs déjà connus), ou pour éviter aux nouveaux auteurs la violence de cette rentrée particulière et pleine d’incertitude. 

Malgré tout, d’autres éditeurs n’ont rien changé à leur plan. Gilles Haéri, le PDG d’Albin Michel, affirme dans Les Echos 2 être resté sur la rentrée littéraire qu’il avait prévue et déjà bouclée entre janvier et février. De même pour les éditions de L’Observatoire (Humensis) et Calmann-Lévy (Hachette). Hugues Jallon, PDG du Seuil, a lui aussi décidé de ne rien changer en gardant notamment son premier roman, afin de garantir une diversité éditoriale aux lecteurs. 3

Les primo-romanciers séduits par l’autoédition

Afin de se frayer un chemin lors de cette rentrée littéraire d’automne qui annonce les parutions de mi-août à octobre, les primo-romanciers sont nombreux à se laisser séduire par l’autoédition sur Internet. De quoi faire vivre leur ouvrage sans essuyer de refus de la part des maisons d’édition, tout en testant leur potentiel sur le marché.  

Du côté des éditeurs frileux quant à la sortie de nouveaux romans dans le contexte de crise sanitaire, l’autoédition apparaît comme un moyen de limiter les risques en allant chercher des primo-romanciers qui ont déjà fait leurs preuves sur Internet, via de bons commentaires de lecteurs, d’influenceurs et de bons chiffres de vente.  

Chez Librinova, l’autoédition via la plateforme éditeurs est une belle porte d’entrée dans le monde de l’édition pour les primo-romanciers. En effet, un auteur sur cinquante signe un contrat d’édition après la publication de son texte sur Internet, alors qu’en moyenne, seulement un manuscrit sur 3000 est publié directement par un éditeur. 

Une nouvelle génération de primo-romanciers

La crise sanitaire a permis de voir naître ce que certains éditeurs nomment des « auteurs coronavirus », ces nouveaux écrivains qui se sont sentis inspirés par le contexte inédit du début d’année.  

Mais la grande majorité des éditeurs n’ont pas profité de cette rentrée littéraire pour les mettre sur le devant de la scène. Ils demeurent en effet nombreux à vouloir patienter encore un peu avant de publier les manuscrits reçus pendant cette crise sanitaire. Dans un article du journal Le MondeSabine Wespieser, directrice des éditions du même nom, affirme que les journaux de confinement qu’elle a reçus ne sont pas assez étoffés, qu’un manuscrit « sérieux » ne s’écrit pas en deux mois, et qu’il faudra ainsi attendre la fin de l’année pour trouver de véritables pépites nées durant le confinement. La directrice générale de Julliard, quant à elle, estime qu’il faudra attendre encore deux ou trois ans avant de voir émerger véritablement ces nouveaux « auteurs coronavirus ».