Portrait d’Anne Idoux-Thivet, auteur passionnée

Portrait d’Anne Idoux-Thivet, auteur passionnée
27/12/2016
Communauté librinova
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En cette semaine de fêtes, l’équipe de Librinova est allée à la rencontre de l’une de ses auteurs : Anne Idoux-Thivet. Elle a intégré le cercle des auteurs Librinova au mois de juillet 2016 avec 27, Rue de la Bienfaisance, un roman historique inspiré de l’univers de Downton Abbey. Puis, elle est revenue à la fin de l’année avec L’atelier des souvenirs, son deuxième roman, sélectionné parmi les 30 finalistes du Prix des Étoiles Librinova. En quelques questions, découvrez son portrait : 

 

Comment êtes-vous devenue auteur et depuis quand écrivez-vous ?

Il paraît que toute petite déjà, je montrais une grande appétence pour les mots. En tant qu’étudiante en histoire puis en tant qu’historienne, j’ai rédigé des mémoires et quelques articles publiés dans des revues d’histoire locale. J’ai même écrit une pièce de théâtre pour faire revivre les grandes figures qui ont hanté le château du village où je vis.

Mais il y a essentiellement deux « moments-charnières » de ma vie qui m’ont conduite à approfondir mon rapport à l’écriture.

À la fin de l’année 2005, mon fils Matthieu a été diagnostiqué autiste. La lecture de témoignages de mamans dans ma situation m’a donné la force d’avancer et de le stimuler. Pour la première fois, j’ai éprouvé le besoin urgent de tenir un journal où je consignais tout : les jeux qui éveillaient Matthieu, mes idées pour créer de nouvelles activités, mes peurs, mes découragements, mes espoirs, ses progrès, nos petits bonheurs… Tout cela a pris corps dans un abécédaire paru chez Autrement en 2009 sous le titre Ecouter l’Autisme. J’ai prolongé ce témoignage en tenant un blog. Et j’ai fait le choix de faire entrer le handicap dans mon champ professionnel : j’ai suivi une formation à l’INSHEA (où j’ai enfin reçu les réponses scientifiques que j’attendais !), je suis devenue formatrice sur les Troubles du Spectre de l’Autisme dans mon académie puis ai quitté le lycée où j’enseignais l’histoire-géographie pour devenir coordonnatrice d’ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire) dans un collège.

En 2014, j’ai fait un burn out. Un vrai. La plupart des gens pensent qu’enseigner est une sinécure. Mais quand on se donne à fond sur tous les fronts, sans compter ni son temps, ni son énergie, on peut craquer. Surtout quand on s’investit beaucoup affectivement et émotionnellement. C’est ce qui m’est hélas arrivé. J’étais usée, et désabusée, aussi, par toutes les failles que j’avais entrevues dans notre système éducatif. J’ai pris conscience que mes enfants méritaient mieux qu’une maman au bout du rouleau. J’ai reconnu mes limites (cela fait un peu mal à l’ego, il faut bien l’avouer !) et me suis fait placer en disponibilité. Mais j’ai besoin d’être stimulée intellectuellement…La recherche en histoire – abandonnée, en même temps que ma thèse, au moment où nous avons su que Matthieu était autiste – me manquait. Et comme l’écriture de mon témoignage avait semé en moi une petite graine qui ne demandait qu’à grandir, je me suis lancée dans la rédaction d’un roman historique.

Cela fait un peu plus d’un an que je suis à la maison où je profite de mes enfants. Je suis toute à eux. Et quand ils sont à l’école, j’écris, en tâchant de prendre le temps après lequel j’ai couru pendant des années !

Quel mot vous définit le mieux ?

Entière.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

L’Art en général. La musique et la peinture, surtout (j’attends avec impatience de rencontrer l’œuvre qui m’inspirera un roman dans la veine de LaJeune Fille à la perle…). Mais l’inspiration peut venir me cueillir à tout moment ! C’est une plaque de rue qui m’a donné l’idée du livre auquel je travaille actuellement. Je me rends compte que je suis frappée par la destinée de certaines personnes – qu’elles aient eu ou non leur heure de gloire – que j’ai ensuite envie de tirer de l’ombre. C’est ce que j’ai fait avec Anne de Nettancourt-Vaubécourt, comtesse Esterhazy, dans 27, rue de la Bienfaisance. J’ai en tête d’autres femmes dont j’ai l’intention de dresser un jour le portrait, sous une forme ou sous une autre.

Quand et comment vous est venue l’idée d’écrire vos deux livres, 27, rue de la Bienfaisance et L’atelier des souvenirs ?

La genèse de 27, rue de la Bienfaisance est explicitée en détails dans 17, rue de la forêt, le « Roman du roman » publié à la fin du livre (avis aux curieux !).

L’idée de l’Atelier des Souvenirs m’est venue sur un banc en bois, le jour de la kermesse de l’école de l’une de mes filles.  J’évoquais avec une autre maman la micro-entreprise d’écrivain biographe que j’allais créer et baptiser « Souvenance ». Elle-même était auto-entrepreneuse et avait signé quelques contrats d’esthéticienne avec des maisons de retraite. Tout cela s’est mélangé dans ma tête où le « gloubi-boulga » obtenu est venu télescoper les réminiscences des ateliers d’écriture que j’avais organisés pour mes élèves porteurs de troubles des fonctions cognitives – les voies de l’inspiration sont décidément impénétrables ! Comme je voulais essayer de sortir de ma zone de confort (l’Histoire et le roman historique) pour tenter l’expérience d’un roman contemporain, j’ai problématisé, lié et organisé le tout…

Pouvez-vous me parler de votre expérience avec Librinova ?

Je manque cruellement de confiance en moi. En primant 27, rue de la Bienfaisance dans le cadre du concours Charleston-Librinova rendant hommage à la série Downton Abbey, l’équipe de Librinova m’a envoyé le signal dont j’avais besoin pour persévérer dans l’écriture. Les « Librinovettes » (j’aime beaucoup ce surnom qui circule chez les auteurs « librinoviens »…) sont de bon conseil. Elles sont surtout chaleureuses, disponibles et respectueuses des auteurs. Je les en remercie !

Avez-vous un prochain livre ou projet en tête ?

J’en ai plusieurs ! Je papillonne de l’un à l’autre en fonction de mon humeur et de la vitesse de décantation de mes idées. Je travaille à l’édition critique d’un récit de voyage par un matelot du XIXème siècle et à celle des carnets d’un poilu que j’ai eu la chance de bien connaître quand j’étais enfant. J’ai commencé un roman historique dont l’intrigue se situe pendant la deuxième guerre mondiale mais quelque chose me chiffonne, j’ai le sentiment d’être mal engagée… Ce livre est donc au repos, bien sagement rangé dans son classeur. Le projet qui me tient actuellement le plus à cœur est la rédaction de la biographie d’un grand mécène américain, Miss Belle Skinner. Je viens d’établir un contact prometteur avec le musée du Massachussetts où sont conservés son journal et sa correspondance. S’ils parviennent à numériser la phénoménale masse de sources dont j’ai besoin, je me mettrai avec enthousiasme au service de la mémoire de Miss Skinner. Sinon, je serai très, très, très frustrée… et me contenterai d’écrire un roman dont elle sera un personnage secondaire. Enfin, je mûris intérieurement la suite de mon témoignage sur l’autisme.

 

Portrait Chinois 

Si j’étais un écrivain célèbre,

Je serais George Sand. Ma nouvelle Le bleu des Della Robbia a été retenue par le jury du concours de la Nouvelle George Sand 2016 pour figurer dans le recueil Fragment(s). Cela a été un grand moment d’émotion pour moi qui admire tant son œuvre.

Si j’étais un écrivain contemporain,

Je serais Philippe Delerm. Je me délecte de la foisonnante richesse de sa langue, couronnée par Les mots que j’aime. Je me retrouve dans ce besoin qui semble l’habiter de fixer avec l’éclat de mots bien choisis les moments fugitifs du quotidien (Enregistrements pirates, Les eaux troubles du mojito…).

Si j’étais le personnage d’un roman,

Je serais un mélange d’Elizabeth et de Jane Bennet, les héroïnes bien connues d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Lizzy pour son franc-parler, Jane pour sa naïveté.

Si j’écrivais mes mémoires, le titre en serait… 

Aïe ! On a droit à un joker ? Pour l’heure, j’ambitionne plutôt d’écrire les mémoires des autres…

Si mes livres étaient adaptés au cinéma,

J’aimerais que Gina McKee incarne la comtesse Esterhazy. Ce sont l’élégance, la mélancolie, la fragilité et l’indépendance du personnage d’Irène qu’elle interprète dans la série La Dynastie des Forsyte qui me donnent cette envie. Je trouve qu’elle y ressemble aux femmes de certains portraits de Gustav Klimt (Judith I et II, Adèle Bloch-Bauer I). C’est comme cela que j’imagine la comtesse. Pour Augustine, je verrais bien Aisling Loftus, l’Agnès Towler de la série Mr Selfridge. Patrick Chesnais pourrait peut-être jouer Esterhazy (il faudrait qu’il prenne son air le plus sombre, évidemment…).

Je considère que l’Alice de mon Atelier des Souvenirs n’est pas la véritable héroïne du roman. Je l’ai conçue comme le faire-valoir de la galerie de retraités dont j’ai voulu brosser des tranches de vie. C’est sans doute pour cette raison qu’aucun nom d’actrice ne me vient pour l’incarner. Comme je l’écris dans le roman, il me faudrait Maggie Smith (lady Violet dans Downton Abbey, Jean Horton dans Quartet…) pour interpréter Suzanne.  Josiane Balasko (un peu vieillie) serait parfaite dans le rôle de Germaine.

Si j’organisais un dîner exceptionnel

(Vraiment très exceptionnel), je commencerais par inviter Faustine Bollaert pour sa bonne humeur et ses bons mots ainsi que Stéphane Bern pour son sourire « antidépresseur ». Je convierais Nathalie Dessay et Michelle Obama (si elle décidait de venir accompagnée de son mari, cela ne poserait aucun problème…). J’inviterais aussi Jean-Claude Ameisen dont j’admire l’érudition – et la belle voix, dans un autre registre que celle de Nathalie Dessay ! Je remonterais le temps jusqu’au XIIème siècle pour prier Herrade de Landsberg et Norbert de Xantende se joindre à nous.