Elle est là devant moi faisant mine de ne pas me reconnaître. La tête plongée dans son magazine de mode, elle tourne les pages une à une sans vraiment s’arrêter sur une page en particulier. Cela me conforte dans l’idée qu’elle m’a reconnue, mais qu’elle ne souhaite pas m’adresser la parole. Ce n’est pas grave, la regarder me suffit. Arrivé à la station « Chaussée d’Antin », je la vois se presser pour ramasser ses affaires et s’apprêter à se lever. Elle se faufile entre les autres passagers pour atteindre la porte et ainsi pouvoir descendre sur le quai. Sans qu’elle s’en aperçoive, j’ai décidé de la suivre. Pour le moment, on sort à l’air libre et je la suis lorsqu’elle emprunte le boulevard Haussmann en direction de l’opéra. Son pas est rapide. Est-ce parce qu’elle s’est aperçue que je la suivais ou alors c’est juste, qu’elle est en retard. Maintenant, on tourne à gauche dans la rue Scribe, j’ai du mal à la suivre avec tout le monde qu’il y a autour de nous. En évitant une Japonaise stéréotype de la touriste du genre, j’ai seulement le temps de la voir tourner à droite sur le boulevard des Capucines. En arrivant à mon tour sur le boulevard, je l’ai complètement perdue de vue. Elle a disparu et je n’ai aucune idée de la direction qu’elle a pu prendre. En même temps, je me rends compte qu’il m’aurait été impossible de l’aborder de but en blanc. Une image fulgurante traverse mon esprit et me rappelle que lors de notre dernière rencontre cela ne s’était pas très bien passé.