Joël Dicker, Kylian Mbappé, Riad Sattouf : pourquoi des auteurs célèbres et des personnalités choisissent l’auto-édition ?

Joël Dicker, Kylian Mbappé, Riad Sattouf : pourquoi des auteurs célèbres et des personnalités choisissent l’auto-édition ?
04/01/2022
Actualités du livre

En 2022, une petite révolution s’est opérée dans le monde de l’édition : plusieurs personnalités connues ont choisi l’auto-édition pour publier leur livre. Il s’agit à la fois d’auteurs très connus comme Joël Dicker ou Riad Sattouf, de vendeurs de best-sellers comme Eric Zemmour ou de célébrités souhaitant publier un livre comme Kylian Mbappé.

Quelles sont les raisons de leur choix ? S’agit-il d’un épiphénomène ou d’une révolution dans le monde de l’édition ? Librinova décrypte cette actualité pour vous.

L’auto-édition et les auteurs célèbres, du mépris à l’intérêt

Longtemps, les auteurs célèbres ont ignoré l’auto-édition ou l’ont regardée avec mépris. Mais désormais, publier son livre soi-même devient synonyme de liberté, de contrôle sur ses œuvres, et de revenus élevés. Comment ce glissement s’est-il opéré ?

L’auto-édition gagne ses premières lettres de noblesse en devenant un tremplin pour les auteurs

L’auto-édition a longtemps vécu en parallèle de l’édition traditionnelle, permettant aux auteurs qui n’avaient pas d’éditeur de tout de même faire vivre leurs œuvres auprès des lecteurs. On dit que même Proust avait fait imprimer lui-même des exemplaires de À la recherche du temps perdu avant d’être repéré par Gallimard.

À partir de 2012, un virage s’opère, qui crée une petite révolution dans le monde de l’édition : l’auto-édition devient un « lieu » de repérage de talents pour les éditeurs, avec pour emblème 50 nuances de Grey au niveau mondial et Les gens heureux lisent et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand en France.

Presque 10 ans plus tard, l’auto-édition a gagné ses lettres de noblesse : de plus en plus d’auteurs en sont issus et l’assument. Quant aux éditeurs, ils y trouvent leur compte. Comme le disait Aurore Menella, directrice du développement des éditions Michel Lafon à 20 minutes en 2018 « Désormais, les éditeurs traditionnels sont plus sereins [par rapport à l’auto-édition]. Ils ont pris conscience que ces deux mondes étaient complémentaires. Près de la moitié de nos romanciers français est désormais issus de l’autoédition. »

Le saviez-vous ?

Librinova a été la première plateforme d’auto-édition à créer une passerelle avec l’édition traditionnelle en proposant à ses auteurs de devenir leur agent littéraire pour les aider à trouver un éditeur.

 

La perte d’aura des éditeurs et les désaccords avec les auteurs accentuent l’intérêt des auteurs pour l’auto-édition

En parallèle de l’ascension de l’auto-édition, un clivage est apparu entre les auteurs et les éditeurs, centré au départ sur les droits d’auteurs, mais qui révèle une fracture plus profonde.

Selon le « baromètre des relations éditeurs/auteurs » réalisé tous les trois ans par la Société civile des auteurs multimédia (Scam) et la Société des gens de lettres (SGDL),

« 31 % des auteurs et autrices déclarent avoir des relations non satisfaisantes, voire conflictuelles avec tous leurs éditeurs (+6 points par rapport à 2018) et un tiers également estime que cette relation s’est détériorée depuis trois ans » indique le communiqué de la Scam. 52 % des sondés déclarent que leur situation financière s’est détériorée. Enfin, le manque de transparence des éditeurs (sur les chiffres de ventes, les cessions…) est souligné, de même que le « sentiment d’abandon » des auteurs.

Face à ce mécontentement, il semble logique que des auteurs connus au lectorat fidèle soient tentés de prendre leur indépendance vis-à-vis des éditeurs en se lançant dans l’auto-édition.

 

Quels sont les avantages et les inconvénients de l’auto-édition lorsqu’on est un auteur connu ?

Passer d’auteur à éditeur n’est pas forcément simple. En choisissant l’auto-édition, les auteurs célèbrent doivent endosser de nouveaux rôles et devenir de véritables chefs d’entreprise. Un choix qui a des avantages mais peut aussi poser bien des problèmes.

Indépendance, contrôle, revenus… et une distribution facilitée par la notoriété

Interrogé par l’AFP, l’entourage de Riad Sattouf a précisé que l’auteur s’était lancé dans ce projet avec « l’envie de contrôler d’encore plus près un processus d’édition de ses livres, depuis la mise en page jusqu’à la fabrication, dans lequel il était déjà très impliqué ». Garder le contrôle sur son projet, choisir les personnes avec qui on travaille, c’est également ce qui a incité Kylian Mbappé à publier lui-même sa BD Je m’appelle Kylian.

Mais au-delà de cette envie compréhensible de garder la main, il est certain que la motivation est également financière. Un auteur très célèbre peut toucher jusqu’à 20 % de droits d’auteur quand il est publié par une maison d’édition, mais ce chiffre double facilement s’il décide de se passer d’éditeur. Tentant lorsque l’on vend plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.

Enfin, il faut noter que, si ces auteurs choisissent une forme d’indépendance, ils ne se passent pas totalement des maisons d’édition et continuent notamment de travailler avec les plus grands distributeurs-diffuseurs du secteur (Interforum, distributeur du groupe Editis pour Dicker, Sattouf et Zemmour). Ainsi, ils s’assurent que leur livre sera largement distribué et mis en avant en librairie. Un luxe que ne peuvent pas s’offrir tous les auteurs indépendants et qui reste réservé aux auteurs de méga best-sellers.

Absence de travail éditorial, coût important, logistique : tout n’est pas si simple !

Bénéficier de la même distribution / diffusion qu’un éditeur tout en maximisant ses revenus, la démonstration des bénéfices de l’auto-édition semble imparable ! Néanmoins, il ne faut pas négliger un certain nombre de difficultés que peuvent rencontrer ces nouveaux convertis à l’auto-édition :

  • Devenir chef d’entreprise n’est pas à la portée de tous ! L’écrivain ne doit plus seulement écrire mais recruter des collaborateurs pour gérer certaines tâches (création de la maquette et de la couverture par exemple), gérer la comptabilité, les négociations avec les distributeurs, les éventuelles cessions, la communication et les relations presse etc. Des tâches chronophages, coûteuses et qui nécessitent des compétences particulières.
  • L’auto-édition a un coût : nul doute que Joël Dicker et les autres font appel à des professionnels pour les accompagner (correcteurs, attachée de presse etc). Les coûts associés sont à déduire des revenus générés en plus par rapport à ce qu’ils auraient gagné en déléguant l’ensemble de ces tâches (et leur coût) à un éditeur.
  • L’absence de regard éditorial et de recul sur leur travail. Un des bénéfices souligné par la plupart des auteurs publiés traditionnellement est cette relation avec leur éditeur et le travail effectué ensemble, qui leur permet de progresser, de se renouveler, d’avoir un regard critique sur leur manuscrit. À partir du moment où ils choisissent l’auto-édition, une question se pose : trouveront-ils dans leur entourage des personnes capables de leur dire que leur nouveau livre a besoin d’être amélioré ? Leurs prochains textes ne risquent-ils pas de perdre en qualité ?

Vous souhaitez vous lancer dans l’auto-édition ? Librinova vous propose tous les services dont vous pouvez avoir besoin (éditoriaux, graphiques, promotionnels, d’impression…).

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L’auto-édition pour tous, épiphénomène ou lame de fond ?

Joël Dicker et Riad Sattouf vont-ils entraîner dans leur sillage de nombreux auteurs ? Peut-être mais la majorité des écrivains choisiront sans doute de rester dans le confort d’une maison d’édition, qui prend en charge tous les aspects techniques, administratifs et logistiques de la publication d’un livre.

Néanmoins, une révolution est en route car les auteurs ont désormais le choix. Les éditeurs auront en tête qu’un auteur mécontent peut partir et choisir l’indépendance. Si cela peut conduire à améliorer les droits d’auteurs et, plus largement, les conditions des contrats d’édition, ce sera une bonne chose.

Enfin, l’auto-édition, qui sortait déjà de l’ombre depuis plusieurs années, est désormais en pleine lumière. En 2022, souhaitons que cela profite aux auteurs indépendants et permette aux lecteurs de découvrir toutes les petites pépites qu’on trouve dans l’auto-édition.