Salaire d’écrivain : combien gagne un auteur ?

Salaire d’écrivain : combien gagne un auteur ?
03/05/2023
Actualités du livre
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Le classement Forbes des 10 écrivains les mieux payés en 2019 livre des chiffres ahurissants : J.K. Rowling caracole en tête avec 92 millions de dollars engrangés, suivie par James Patterson avec 70 millions de dollars de revenus. De quoi faire rêver nombre d’auteurs en herbe qui envisagent de vivre un jour de leur plume. Mais la réalité est toute autre : pour 65 % des auteurs, les revenus en droits d’auteur représentent moins d’un quart de leurs ressources annuelles (baromètre 2023 des relations auteurs/éditeurs). Alors, combien gagne un auteurréellement ? Quel est le salaire d’un écrivain ? L’autoédition est-elle un moyen de gagner plus ? 

Bon à savoir

Les auteurs sont rémunérés sous forme de droits d’auteurs (en édition classique) ou de redevances (en auto-édition). Ces montants sont considérés fiscalement et comptablement comme des rémunérations, qui se déclarent aux impôts et sur lesquelles l’auteur doit payer des cotisations sociales à l’Urssaf en tant qu’artiste-auteur (sauf si l’éditeur a déjà payé ces cotisations). 

Le salaire de l’auteur en édition classique reste faible 

Les maisons d’édition à compte d’éditeur prennent à leur charge la totalité des dépenses liées à l’exploitation commerciale du manuscrit confié par l’auteur, qui en cède les droits (on parle de droit d’exploitation). Ce dernier est rémunéré sous forme de droits d’auteurs (c’est la part qui lui revient sur les ventes, en quelque sorte). 

La part de l’auteur dans le prix du livre

Si vous voulez faire fortune, choisissez un autre métier qu’écrivain : le taux de rémunération moyen varie de 6 à 7 % pour les livres jeunesse et la BD à 9 % pour la littérature et les beaux livres (8 % pour les documentaires, essais ou ouvrages universitaires). Ces droits d’auteur sont calculés sur le prix public hors taxes du livre. Sur un livre vendu 20 € TTC avec des droits à 9 %, l’auteur touche donc… 1,70 €.  

Le reste est réparti entre les différents intervenants de la chaîne éditoriale, à savoir : 

  • 14 % pour l’éditeur ; 
  • 16 % pour l’imprimeur et fabricant du livre ; 
  • 11 % pour le distributeur (celui qui stocke et gère la logistique des livres, de l’envoi au retour) ; 
  • 6,5 % pour le diffuseur (chargé de vendre et placer les livres dans les librairies grâce à des représentants et des commerciaux) ; 
  • 36 % pour les points de vente (librairies, grandes surfaces, etc.) qui sont les structures qui ont le plus de charges fixes et des bénéfices les moins élevés ; 
  • 5,5 % pour l’État au titre de la TVA ; 
  • et 11 % pour l’auteur, donc. 

La rémunération de l’auteur est négociée au cas par cas, au moment de la signature du contrat d’édition. Selon qu’il s’agit d’un premier roman ou d’un auteur connu, les taux de droits d’auteur ne sont donc pas les mêmes. C’est d’ailleurs tout l’avantage d’être accompagné par un agent, car il est à-même de mieux négocier ce contrat. 

 

Les auteurs édités peuvent aussi percevoir des sommes issues des droits dérivés : reprographie, copie privée numérique, prêt en bibliothèque, adaptation audiovisuelle ou théâtrale… Mais ils sont généralement peu élevés et assez rares. 

L’avance sur droits ou à-valoir : une garantie de salaire pour l’auteur

L’auteur est donc rémunéré sous forme de droits d’auteur correspondant à un pourcentage sur les ventes. Pour éviter d’attendre que les livres soient vendus pour payer l’auteur, les contrats d’édition prévoient le versement d’une avance sur droits appelée à-valoir. 

Elle est versée à la signature du contrat ou à la parution. Cette avance n’est pas mirobolante non plus : entre 1500 et 3000 €. Dans 66 % des cas, elle est inférieure à ce montant et même inexistante pour 30 % des auteurs (source Baromètre des relations auteurs-éditeurs SCAM/SGDL 2023) ! Seul avantage de l’à-valoir : il revient à l’auteur quel que soit le nombre de livres vendus (cela fait partie du risque financier pris par l’éditeur, charge à lui de se rembourser en vendant le plus possible de livres). L’inconvénient : tant que les ventes de vos livres n’auront pas couvert le montant de l’à-valoir, vous ne toucherez rien d’autre. 

Quand l’auteur touche-t-il son salaire ?

C’est le grand motif d’insatisfaction des auteurs édités : le versement des droits d’auteur. Les éditeurs sont censés faire la clôture des comptes, appelée la reddition des comptes, chaque année. Ils doivent calculer le nombre de livres vendus et retrancher ceux qui ont été retournés par les libraires : en effet, en France, les points de ventes achètent les livres aux éditeurs (par l’intermédiaire des distributeurs), puis les revendent au client final. Mais les points de vente ont le droit de les retourner aux éditeurs les invendus pour se les faire rembourser. Les droits d’auteurs ne sont donc calculés que sur les livres effectivement vendus (on dit « net de retours »). 

Et c’est là que le bât blesse, très souvent : les auteurs sont tributaires du bon vouloir des éditeurs pour percevoir leurs droits. Seulement 16 % des auteurs et autrices ont bien leur reddition de comptes annuelle… mais sans le versement des sommes correspondantes à leurs droits. Près de la moitié d’entre eux ont rencontré des difficultés pour se faire payer. 

Si vous êtes édité, ne comptez donc pas sur une rentrée d’argent mensuelle ou même trimestrielle. Au mieux, grâce à l’accord passé en novembre 2022 prévoyant deux redditions de comptes annuelles, vous pourrez percevoir une rémunération semestrielle… mais avec un décalage d’un an dans tous les cas (hors à-valoir). 

L’auto-édition : un salaire plus intéressant pour les auteurs ?

En autoédition, le salaire de l’écrivain est représenté par les redevances nettes perçues par l’auteur. Il ne s’agit pas de droits d’auteurs, dans le sens où, en auto-édition, l’auteur ne cède pas ses droits d’exploitation. 

Le calcul des revenus de l’auteur auto-édité

Contrairement aux idées reçues, en autoédition non plus, vous ne toucherez pas la totalité du prix de vente de votre livre. D’abord parce qu’il y aura au minimum la TVA à payer et ensuite parce que chaque prestataire (plateforme de distribution, service de mise en page, correction) prend sa commission. 

Chez Librinova, la redevance d’un livre numérique se calcule ainsi : 

Prix de vente TTC – 5,5 % de TVA – Commission des librairies en ligne (30 % pour la majorité des libraires mais jusqu’à 40 % pour certains) – Commission de distribution de 20 %.  

Concrètement, l’auteur touche donc environ 50 % du prix public hors taxes de son livre, bien loin des 9 % en édition ! Ainsi, pour un ebook vendu 4,99 €, l’auteur touchera environ 2,50 €. Même si les prix de vente en numérique sont moins élevés, la redevance en autoédition est ainsi plus importante que pour un livre papier en édition classique. Surprenant, non ? 

 

L’autre avantage de l’autoédition pour le salaire de l’auteur, c’est que les redevances sont versées plus régulièrement : tous les mois pour Amazon KDP, semestriellement pour Librinova. 

Des frais à prendre en compte

Cependant, en auto-édition, il faut prendre en compte les frais supportés par l’auteur (qui est donc aussi son propre éditeur) : correction, couverture, services promotionnels… Ces dépenses sont prises en charge par l’éditeur en édition classique.  

Chez Librinova, un écrivain vend en moyenne 200 livres numériques. Avec un prix de vente à 4,99 €, il touche donc 499 €. S’il ne choisit que le service de publication numérique payant de Librinova à 50 €, ses revenus sont donc de 499-50 = 449 €. 

Mais les ventes sont aussi plus difficiles et plus aléatoires quand on est autoédité que quand on passe par un éditeur. En effet, l’éditeur a des moyens financiers et humains plus importants : le recours à un service de diffusion pour « placer » le livre en librairie, mais aussi la publicité, les relations presse… 

 

Cela dit, quand le succès est au rendez-vous, les chiffres peuvent facilement s’envoler : en 2017, une autrice a perçu plus de 45 000 € de redevances sur ses ventes et peut aujourd’hui se consacrer à l’écriture. Une autre a touché plus de 21 000 € sur les ventes de ses 6 livres auto-publiés avec Librinova et a pu signer un contrat avec un éditeur pour trois d’entre eux. Cette belle opération a pu être possible grâce au programme d’agent littéraire. 

L’agent littéraire, une dépense nécessaire pour un meilleur salaire d’écrivain ?

Le baromètre 2023 de la SCAM-SGDL souligne que les relations entre auteurs et éditeurs ne se sont pas vraiment améliorées : 

  • des rémunérations trop faibles et mal versées (quand elles le sont) ; 
  • des contrats qui manquent de clarté, obligeant la moitié des auteurs à solliciter des syndicats d’écrivains, un juriste ou un agent littéraire pour comprendre les documents ; 
  • des informations qui ne sont pas données ou de manière incomplète (par exemple sur ce qui concerne les droits dérivés). 

Près de 30 % des auteurs sont insatisfaits de leurs relations avec leurs éditeurs (car ils ne sont que 11 % à n’avoir qu’un seul éditeur, 48 % en ont entre 2 et 5). Mais cette insatisfaction porte plutôt sur les aspects financiers et contractuels que sur l’accompagnement éditorial et promotionnel en lui-même. 

Se faire accompagner par un agent littéraire peut être un excellent moyen de contourner ces inconvénients. En effet, son rôle est d’accompagner l’auteur à chaque étape, avant, pendant et même après sa collaboration avec l’éditeur : 

  • Grâce à sa connaissance du monde de l’édition, l’agent peut ainsi négocier un meilleur à-valoir et des taux de droits d’auteur plus intéressants. 
  • Lorsque l’éditeur traîne à transmettre la reddition de comptes ou à verser les droits, c’est l’agent qui se charge des démarches toujours fastidieuses de relance, voire de mise en demeure.
  • Et si la collaboration va jusqu’à la rupture, l’agent est aussi là pour protéger l’auteur et lui permettre, par exemple, de récupérer ses droits d’exploitation pour passer en auto-édition. 

Un rapport du ministère de la Culture de 2013 sur la situation économique et sociale des auteurs du livre soulignait que la faiblesse des rémunérations des auteurs en France par rapport à leurs homologues anglo-saxons pouvait s’expliquer par l’absence de recours à des agents littéraires. Cette dépense a certes un coût, mais le jeu peut en valoir la chandelle !