À quoi sert un agent littéraire ? par Lynda Guillemaud

À quoi sert un agent littéraire ? par Lynda Guillemaud
06/05/2020
Avis sur Librinova

Depuis 2016, je bénéficie du Programme Agent Littéraire de Librinova, c’est-à-dire qu’une personne m’accompagne dans le petit monde de l’édition. Même si ça fait bien de pouvoir dire « j’en ai parlé avec mon agent », il ne s’agit pas de crâner… L’agent littéraire a un rôle particulier et très important que j’ai découvert au fil des années. 

Lorsque j’ai auto-publié mon premier roman, en 2015, je voulais avant tout vérifier que mes romans pouvaient plaire à un public. L’idée sous-jacente, c’était aussi de pouvoir approcher une maison d’édition avec des arguments chiffrés (les éditeurs aiment bien les chiffres autant que les mots !). Librinova, avec son objectif de faire une passerelle entre auto-édition et édition classique, était donc un partenaire de choix. En effet, sans ce programme, jamais je n’aurais pensé m’attacher les services d’un agent. Et pourtant…

    En quelques titres:

  1. Quel est le rôle de l’agent littéraire ? 
  2. L’agent littéraire me fait bénéficier de…
    1. Son expérience
    2. Son réseau
    3. Son détachement de l’œuvre
  3. Quels sont les bénéfices d’un agent littéraire pour l’auteur ?
    1. Il permet à l’auteur de se concentrer sur l’écriture
    2. Il accompagne l’auteur
  4. Combien coûte un agent littéraire ?

Quel est le rôle de l’agent littéraire ? 

Mon premier roman historique, Le Vent des Lumièresest paru en 2015 et, dès 2016, il a dépassé le seuil des 1000 exemplaires vendus. J’ai donc signé avec Librinova un contrat d’agent, sous forme d’un mandat par lequel j’autorisai Andrea Field à me représenter auprès des éditeurs.

Concrètement, en quoi ça consiste ? L’agent littéraire a pour missions de : 

  • D’envoyer mon manuscrit à des maisons d’éditions pertinentes en fonction de leur ligne éditoriale (ce qui suppose donc une bonne connaissance du monde de l’édition) ; 
  • D’inciter les éditeurs à lire mon roman ; 
  • De les relancer (plusieurs fois…) ; 
  • De négocier un contrat favorable à l’auteur si l’éditeur est d’accord pour publier le roman ; 
  • De s’assurer que les droits de l’auteur sont respectés (notamment le versement des droits d’auteur) ; 
  • De défendre l’auteur en cas de litige avec l’éditeur (ça arrive plus souvent qu’on ne le pense  !). 

Bref, Andrea entreprend en mon nom toutes ces démarches qui sont très éloignées de l’écriture : démarcher, contractualiser, gérer les litiges, négocier… Évidemment, il est possible de faire tout ça tout seul, mais cela suppose d’y passer du temps. Mais ce n’est pas qu’une question de temps : passer par un agent littéraire a de grands avantages. 

L’agent littéraire me fait bénéficier de…

Son expérience

En général, un agent littéraire a soit été directeur·rice de collection chez un éditeur, voire lui-même éditeur·riceComme il est issu du milieu de l’édition, il sait en décrypter les arcanes, il détecte les pièges, il traduit les non-dits et les demi-mots. Grâce à une veille constante, il connait aussi la réalité du marché, ce qui lui permet de négocier les contrats et même d’être force de proposition auprès des éditeurs. 

Pour donner un exemple très concret, lorsqu’on signe son premier contrat, on est tellement content qu’un éditeur daigne s’intéresser à son roman qu’on est prêt à signer n’importe quoi. J’aurais considéré comme l’aubaine du siècle d’avoir 5% de droits d’auteur et un à-valoir de 1000€. Andrea, avec son expérience, va savoir négocier 8% voire 10% et un à-valoir de 3000€.  

Sans Andrea, je n’aurais jamais osé négocier les termes de mon contrat, qui n’était certes pas pourri non plus, mais l’expérience montre que l’éditeur était capable de m’offrir mieux !  

Son réseau

On n’y pense pas forcément de prime abord, mais c’est pourtant un atout de taille. L’agent littéraire étant issu du milieu (ça fait un peu mafia, dit comme ça…), il connait du monde et surtout il connait les bonnes personnes. Ce qui est important, quand on envoie son manuscrit à un éditeur, c’est de bien cibler. Or, si vous êtes comme moi et que votre seule connaissance de l’édition est issue d’Internet, c’est juste. Et on finit par envoyer son roman par la poste au petit bonheur la chance (en se ruinant en frais d’envoi…). 

Au contraire, Andrea sait qui contacter, elle sait quelle maison correspond à mon roman, qui pourrait être intéressé. Surtout, elle fréquente les éditeurs comme vous allez rencontrer vos clients et vos fournisseurs. Au détour d’un café avec un directeur de collection, elle pitche mon roman et éveille l’intérêt de son interlocuteur. Ainsi, mon manuscrit va arriver sur le bureau, non pas du stagiaire recruté pour l’occasion, mais sur celui du directeur de collection. Et il y a de fortes chances qu’il le lise lui-même. Ça ne veut pas dire qu’il sera publié, mais on augmente en tout cas les chances. 

Son détachement de l’œuvre

C’est paradoxal, mais l’auteur n’est pas forcément le mieux placé pour défendre son roman. C’est notre bébé, on a sué sang et eau dessus, on y croit dur comme fer. On a un rapport affectif avec son texte, ce qui est normal, mais ce n’est pas le cas de l’agent littéraire. 

Andrea croit évidemment en mon texte, mais elle va le défendre plus objectivement que moi. Elle va même y trouver des atouts auxquels je n’aurais pas pensé. Si un éditeur refuse, elle ne va pas le prendre mal, même si elle sera déçue. Elle sert de tampon entre moi et l’éditeur et c’est souvent beaucoup mieux, car elle va savoir trouver les mots pour argumenter le refus, alors que l’éditeur n’a pas que ça à faire ! 

Elle est là aussi en soutien, lorsque les exigences de l’éditeur peuvent me paraître exagérées ou lorsqu’il laisse tous mes messages lettre morte. Elle peut désamorcer des tensions ou calmer le jeu, mais elle est aussi présente (heureusement !) pour partager les joies et les succès ! 

Quels sont les bénéfices d’un agent littéraire pour l’auteur ?

Avoir un agent littéraire peut paraître logique pour un écrivain chevronné, autant on peut se demander quel est l’intérêt pour un auteur débutant. Sans Librinova, je ne pense pas que j’aurais seulement pensé avoir un agent. Pourtant, avec le recul, je trouve qu’il est encore plus utile d’être accompagné·e quand on débute. 

Il permet à l’auteur de se concentrer sur l’écriture

Le problème de l’auteur auto-édité, c’est d’avoir cinquante casquettes : graphiste, maquettiste, correcteur, commercial, diffuseur… On passe souvent plus de temps à faire tout cela qu’à écrire réellement. Certains y trouvent leur compte, pourquoi pas ? Mais si vous préfère se concentrer sur l’écriture, avoir un agent est très intéressant. 

Andrea se charge de démarcher les éditeurs et assure aussi le suivi de mes contrats, dans le sens où elle relance la maison d’édition pour avoir les redditions de comptes (c’est-à-dire le versement des droits d’auteurs). Si l’éditeur ne respecte pas les clauses, elle intervient et elle gère, jusqu’à envoyer des mises en demeure ou solliciter un avocat (choses que je n’aurais jamais entreprises par moi-même !). Bref, elle me fait gagner du temps que je peux consacrer à l’écriture, mais elle me fait aussi gagner de la tranquillité d’esprit. 

Il accompagne l’auteur

Jusqu’à présent, je n’ai évoqué que le rôle administratif ou commercial d’Andrea. Or, elle n’est pas là que pour ça, bien au contraire. Elle m’accompagne aussi dans l’écriture et dans mon processus créatif. Bien entendu, elle lit les romans qu’elle doit défendre auprès des éditeurs et peut me suggérer des réécritures. Ce fut le cas avec Petite Mouette : elle m’a conseillé de l’étoffer pour lui donner plus de chair et pour développer l’intrigue et les personnages et d’augmenter ses chances d’accrocher un éditeur. Pour l’instant, ça n’a pas marché, mais la nouvelle version me plait beaucoup plus que l’ancienne et l’histoire le méritait. 

Je lui soumets aussi mes synopsis ou mes notes d’intention, avant de les envoyer aux éditeurs, comme ce fut le cas pour Harlequin. En effet, j’ai signé ce contrat sans avoir un manuscrit à présenter, je l’ai écrit après coup. L’éditeur a donc validé le contrat sur un synopsis (c’est-à-dire un scénario) et il était important de bien le travailler.  

L’agent littéraire est là en conseil et n’impose jamais son avis : c’est toujours moi qui décide en dernier ressort. Mais sa connaissance du secteur permet souvent de prendre les bonnes décisions. 

Combien coûte un agent littéraire ?

Quand on débute, on se dit souvent qu’on n’a pas d’argent à mettre dans l’accompagnement d’un agent. Il faut faire le bon calcul : l’agent nous fait d’abord gagner du temps en nous libérant de certaines tâches, mais il peut nous faire aussi gagner de l’argent en négociant mieux un contrat. 

De manière générale, l’agent littéraire touche un pourcentage sur les droits d’auteur. Cette commission varie entre 10 et 30% (chez Librinova, elle est de 20%). Tant que le contrat n’est pas signé, l’agent ne touche rien… Il a donc tout intérêt à ce que ça aille vite… et à ce que le contrat soit favorable à l’auteur ! 

Avec un agent, l’auteur doit signer deux documents distincts : le mandat par lequel il autorise l’agent à le représenter et le contrat d’autre part, qui est tripartite puisqu’il est signé à la fois de l’auteur, de l’agent et de l’éditeur (l’agent ne peut ainsi rien signer sans votre accord).

Lynda Guillemaud