Interview de Patrick Lecomte, la nouvelle étoile Librinova

Interview de Patrick Lecomte, la nouvelle étoile Librinova
03/02/2016
Communauté librinova

Vous souvenez-vous de Venia Owlman, auteur de Wilma & Akka, publié au mois de septembre 2014 ? Aujourd’hui, Librinova vous révèle la vérité sur son auteur et vous présente Patrick Lecomte, qui avait choisi un pseudonyme féminin et évocateur… à l’image de son livre ! 

Et puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, nous avons la grande joie de vous annoncer que Wilma & Akka, devenu Elles sont parties pour le Nord, paraitra aux éditions Préludes le 9 mars prochain ! Une nouvelle couverture, un nouveau titre et un texte peaufiné… Patrick Lecomte a vécu une véritable aventure d’édition !

Elles sont parties pour le Nord est un récit envoûtant, promesse d’évasion mêlant la poésie de la nature et la magie de l’écriture.

Aujourd’hui, Librinova part à la rencontre de cet auteur mystérieux et drôle. Et d’ici quelques semaines, nous ne manquerons pas de vous raconter sur ce blog notre version de l’histoire.

 

Comment êtes-vous devenu auteur ?
C’est une longue et belle histoire de rencontres, de partages et de circonstances. J’ai écrit Wilma et Akka parce que je me le devais depuis longtemps. L’objectif était de réaliser ce projet oublié dans les cartons. Ensuite, mes filles et ma femme m’ont poussé à tenter de le publier ou de le proposer comme sujet de film. Je l’ai fait à reculons. Ce n’était pas mon objectif ; c’était la cerise sur le gâteau. L’une de mes filles a même écrit à un célèbre réalisateur.
J’ai envoyé le texte à deux ou trois éditeurs. Un seul m’a répondu, poliment, en attirant mon attention sur des points particuliers qui demandaient modifications. Je n’ai pas insisté.

Deux ou trois ans après ma fille m’a envoyé un lien vers un contact qu’elle avait eu au cours d’un stage : Librinova ! Et tout a commencé !

Depuis quand écrivez-vous ?
J’ai toujours aimé écrire, partager au travers de l’écriture : les impressions, les émotions, les passions. Ecrire pour les autres en communiquant avec leur être profond ; leur témoigner une compassion dans la douleur, un émerveillement partagé, leur proposer avec tact un scan de leurs traits de caractères qui font leur force et les porte dans la vie de tous les jours.
Sinon,  j’ai écrit quelques poèmes çà et là, des articles dans des revues de vulgarisation scientifique ou encore…dans les bulletins municipaux.

Quel mot vous définit le mieux ?
Ouvert, inclassable.

Quand et comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?
À la fin des années 70, j’ai fait partie du mouvement qui a pris de l’ampleur autour de la protection de la nature. Sur ce thème, comme dans toute ma vie, ce qui m’a fasciné ce sont les humains, leurs réactions, leurs manières de s’emparer des sujets. Dans le cas précis c’est la relation des humains avec la nature, la biodiversité. Comment ils en tirent leur nourriture, comment ils la miment dans leurs réalisations, comment ils peuvent la détruire ou entreprendre de la sauver. Je me suis donc intéressé très tôt aux espèces disparues récemment ou menacées. Parmi celles-ci, la Grue Blanche d’Amérique.  A une époque où internet n’existait pas et où téléphoner aux Etats Unis aurait grevé un budget, j’ai collecté différents éléments sur cet oiseau en écrivant à qui il fallait. Des allers retours de courrier en plusieurs semaines parfois, quand retour il y avait. Au fil de mes découvertes, j’en suis venu à penser qu’il fallait raconter cette histoire hors du commun, cette saga, cette persévérance contre l’adversité pour faire partager cet exemple et donner envie à d’autres de s’investir à leur tour. J’ai donc griffonné quelques notes sur du papier – vous savez, du temps où l’on écrivait seulement au stylo plume – j’ai rangé le papier dans un tiroir en disant : « plus tard ». Beaucoup « plus tard », un jour de 2007, j’ai rangé des documents et j’ai retrouvé des notes. Le papier était défraîchi, l’encre avait un peu bavé mais les idées étaient toujours les mêmes. La fin est d’ailleurs celle du livre. Et je me suis dit que le temps était venu d’écrire ce livre, parce que je me le devais. Comme une promesse faite à moi-même et qu’il fallait que je tienne, comme celles que j’avais faites à d’autres.

Pourquoi avoir publié une première version numérique d’Akka et Wilma sous un nom de femme  ?
Publier sous le nom d’une femme correspondait à plusieurs objectifs. Le premier, éviter les a priori ! Les réactions à la lecture de Wilma et Akka auraient-elles été les mêmes si les lecteurs avaient su que l’auteur était un homme ? Le second ? J’ai fait le pari d’écrire en essayant de me placer du point d’une femme ; Wilma! Le troisième ? J’ai rencontré beaucoup de Wilma, notamment dans le milieu de la protection de la nature. Trop souvent, elles n’ont pas eu la reconnaissance qu’elles méritaient pour le rôle qu’elles avaient joué. Tout ce qu’elles ont apporté aux hommes n’a pas été apprécié à sa juste valeur. Et j’en connais encore, toujours en butte à un certain machisme feutré qui a la vie dure sous des apparences trompeuses, en particulier dans des milieux où l’on pourrait espérer qu’il ait disparu. Ecrire sous le nom d’une femme était un hommage.

Avez-vous des contacts avec vos lecteurs ? Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Peu pour le moment, simplement parce que le texte initial a peu circulé. Les échos que j’ai pu avoir de la publication numérique de Librinova m’ont fait plaisir ; beaucoup de lecteurs avaient aimé l’histoire. Et c’est ce qui comptait.
Parmi les proches ou amis qui ont eu le texte initial c’était l’enthousiasme qui dominait.
Enfin, ce sont les lecteurs professionnels de la version destinée à la publication papier qui m’ont fait évoluer sur le texte, prendre du recul par rapport à lui et le regarder avec le détachement nécessaire à son évolution.

Pouvez-vous me parler de votre expérience avec Librinova ?
Je crois que j’ai en partie répondu à la question précédemment.  Quelques compléments : bien sûr Laure et Charlotte ont aimé l’histoire, bien sûr elles ont cru à sa parution, bien sûr…. Mais comment résister à leur enthousiasme alors que je venais vers elles pour voir, sans intention manifeste de publier ? Notre rencontre a été toute en surprises (n’est-ce pas ?), toute en découvertes et toute en retissage de liens qui nous avaient conduit là. Et cela a continué depuis, s’est prolongé dans les rencontres qui ont suivi et abouti à la publication papier. C’est ex-tra-or-di-nai-re ! Une fabuleuse aventure ! Et pas uniquement avec Librinova.

Pouvez-vous nous raconter comment Wilma & Akka est devenu Elles sont parties pour le Nord ?
Le texte mûri, l’auteur le voit sous un nouveau  jour, passe de son objectif initial d’écriture à lui-même à l’objectif de partage qui était implicite au tout début mais qui demandait une approche révisée. Dans les deux cas, il s’agit de l’aventure d’un oiseau et d’une femme qui partagent une trajectoire de vie rude, qui sont confrontées à la difficulté, aux éléments. Alors oui, elles sont ensemble, deux héroïnes, à partir pour le Nord et pour une aventure de plus de 30 ans. Côté humains, je tenais à ce que ce soit une femme qui soit l’héroïne de cette histoire, pour toutes les raisons expliquées précédemment.

Avez-vous un prochain livre ou projet en tête ?
J’ai écrit ce livre avec mes yeux. Tout ce qui s’y déroule, je l’ai vu dans ma tête avant de le mettre sur le papier. Un film s’est imprimé dans ma tête. Je voyais d’ailleurs l’histoire davantage comme un film que comme un roman. Alors, pour les femmes, pour la biodiversité, pour le partage, j’aimerais que cette histoire devienne un film. Pas un film bourré de bonnes intentions, avec une happy end. Un film qui montre simplement la réalité de la ténacité quotidienne, toujours reconduite, face à l’adversité. Une réalité de succès, d’amours, de passions mais aussi de doutes, d’échecs et de séparations. La vie, quoi !
Pour les projets, il se pourrait… Un roman policier autour de la protection de la nature. Ou ce vers quoi mes pas et les rencontres me conduiront…

 

Portrait chinois

Si vous étiez un écrivain célèbre, vous seriez :

Jules Verne

Si vous étiez le personnage d’un roman, vous y seriez : 

Ayla, la chamane du clan des cavernes dans la série des romans de Jean M Auel (une femme également !)

Si vous écriviez vos mémoires, le titre en serait : 

Merci pour tout !

Si vos livres étaient adaptés au cinéma, quel actrice voudriez-vous pour jouer le rôle ? 

Pour jouer Wilma, j’ai pensé à Julia Roberts, Sophie Marceau, Kristin Scott Thomas.

Si vous organisiez un dîner exceptionnel, qui seraient vos invités idéaux ? 

Pour un repas ouvert, bigarré et chatoyant….

Jacques Perrin (pas besoin de faire un dessin), Hélène Grimaud (avec les loups elle explore la musique du  monde), Pascal Picq (ses conférences sur l’humanité sont un délice), Mylène Farmer (c’est un mystère), Michel Onfray (pour les controverses que ses propos suscitent et parce qu’il dit qu’il aime ce que fait Mylène Farmer ; je voudrais comprendre),  Clémentine Autain (qui me touche), Pénélope Cruz (what did you expect ?) et George Clooney (what else ?). De tout… Pas sûr qu’ils s’entendent…